Je vous ai parlé il y a quelque temps des mots qu’on utilise très couramment en étant certain de les employer à bon escient. Ils sont banals, parfaitement maîtrisés croit-on, mais l’usage modifie parfois leur définition essentielle et leur sens évolue.
Voici 5 nouveaux mots dont nous croyons, à tort, connaître le sens :
- Éponyme : combien de fois avez-vous entendu ou lu que tel chanteur a sorti un nouvel album éponyme ? Or selon Le Robert, ce mot signifie « qui donne son nom à quelque chose ». Ainsi Athéna est la déesse éponyme d’Athènes, car elle a donné son nom à la ville. On ne peut pas écrire ou dire qu’Athéna est la déesse de la ville éponyme d’Athènes, cela voudrait dire que c’est la ville qui a donné son nom à la déesse. De la même manière ce fameux chanteur n’a pas pu sortir un nouvel album éponyme car cela signifierait que c’est l’album qui a donné son nom au chanteur.
- Initier : ce verbe est de nos jours souvent utilisé dans le sens de « faire démarrer un processus, une réaction, avoir l’initiative d’un projet » mais c’est en réalité un anglicisme issu de to initiate dont l’emploi est souvent réfuté.
Le Robert admet ces définitions :
- Admettre (quelqu’un) à la connaissance, à la pratique de savoirs, de cultes secrets, ésotériques.
- Recevoir (quelqu’un) au sein d’un groupe fermé.
- Introduire à une connaissance ; être le premier à instruire, à mettre au fait.
On ne peut initier qu’une personne. Pour quelque chose, préférez donc l’emploi de verbes comme « commencer », « amorcer », « entamer », « lancer », « entreprendre », etc.
- Naguère : est généralement employé pour désigner des temps reculés. C’est un usage abusif car il signifie « il y a peu de temps » et se réfère à un passé proche. Il n’est donc pas synonyme de « jadis » ou d’« autrefois ».
- S’avérer : ce mot signifie « être reconnu comme vrai », il faut donc éviter de dire par exemple que des propos se sont avérés exacts (pléonasme) ou au contraire qu’ils se sont avérés faux (contresens).
- Gâchette : lorsqu’on tire avec une arme à feu, on appuie sur la détente pour actionner la gâchette. Il est donc impossible de presser directement la gâchette qui est un élément situé à l’intérieur de l’arme. L’utilisation de l’expression « un as de la gâchette », très connue des cruciverbistes est, de fait, fautive.
Et vous, connaissiez-vous ces usages abusifs ou glissements de sens ?
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